Un tabou qui se fissure : la souffrance psychologique des chefs d’entreprise
Longtemps passé sous silence, le sujet de la santé mentale des dirigeants s’impose enfin dans le débat public. À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, plusieurs chefs d’entreprise ont témoigné dans Challenges de leurs difficultés, parfois extrêmes, à tenir face à la pression, l’instabilité économique et la solitude du pouvoir.
Parmi eux, Olivier Kerr, entrepreneur, raconte ce moment brutal où son corps a dit stop :
« Mon cerveau tournait à 150 km/h, mais je ne pouvais plus me lever. »
Un burn-out vécu après la vente de son entreprise, dans l’indifférence générale.
Et il n’est pas un cas isolé. Selon une étude menée par Bpifrance Le Lab et la Fondation MMA, 1 dirigeant sur 3 s’estime aujourd’hui en mauvaise santé mentale. Un chiffre alarmant, en forte augmentation depuis 2023. Pire : plus de la moitié des patrons de TPE/PME se déclarent mentalement épuisés (baromètre SDI, T3 2025).
Derrière la posture du dirigeant, une réalité souvent invisible
Être chef d’entreprise, c’est plus qu’un métier. C’est une responsabilité constante, qui ne s’arrête jamais. Comme le résume Jean-Marc Barki, dirigeant d’une PME industrielle et membre des Rebondisseurs Français :
« C’est un job qu’on occupe 24/24. J’ai perdu des amis entrepreneurs qui se sont suicidés. »
La pression financière, les prises de risque personnelles (garanties, dettes, charges), l’isolement stratégique… mais aussi la volonté de toujours tenir bon sans montrer de faille : tout cela fragilise l’équilibre psychologique des dirigeants.
Et lorsque la fatigue s’accumule, les répercussions touchent toute l’entreprise : gestion plus tendue, décisions retardées, relation au personnel dégradée. Comme le rappelle Kevin Audureau (FIRPS) :
« Un dirigeant qui ne va pas bien, cela a des conséquences sur toute son organisation. »
Les Rebondisseurs Français : libérer la parole et construire des solutions
Face à cette réalité, l’association Les Rebondisseurs Français agit pour prévenir la chute plutôt que simplement réparer après coup. L’un de ses combats clés ? Encourager les chefs d’entreprise à briser le silence et à partager leurs parcours sans honte ni tabou.
Témoigner pour inspirer, parler pour relâcher la pression, demander de l’aide sans se sentir faible : c’est tout cela, le rebond entrepreneurial. Comme le souligne Charles Desobry, adhérent de l’association et animateur Nouvelle-Aquitaine Sud (Bordeaux):
« Il faut sourire, garder la tête haute… mais dans l’intimité, je connais des dirigeants pour qui ça a été très compliqué. »
C’est aussi ce que défend Aurélien Desbats, coordinateur régional de l’association à Bordeaux, qui a dû aller jusqu’à bloquer dans son agenda des créneaux familiaux pour ne pas se laisser déborder par l’urgence permanente.
Se faire accompagner, avant que tout explose
D’autres structures comme Apesa jouent également un rôle essentiel. Ce réseau de 6 000 sentinelles formées permet une prise en charge rapide et confidentielle des dirigeants en détresse, via des psychologues spécialisés. Depuis 2014, plus de 15 000 chefs d’entreprise ont été accompagnés. Un simple signalement suffit pour éviter le pire.
Le message est clair : il ne faut pas attendre d’aller mal pour se faire aider. Comme le dit Jean-Luc Douillard, cofondateur d’Apesa :
« Il faut aller voir un psy quand tout va bien. Trois à cinq séances peuvent suffire à retrouver l’équilibre. »
Le rebond, c’est aussi prendre soin de soi
Chez Les Rebondisseurs Français, nous considérons qu’un bon dirigeant est un dirigeant qui prend soin de sa santé mentale autant que de ses résultats. S’accorder du temps, apprendre à déléguer, rejoindre des cercles d’échange entre pairs, se former au rebond : ce sont autant de leviers pour durer… et continuer à entreprendre sans se perdre.
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Un outil concret pour tous ceux qui ne veulent plus affronter seuls les tempêtes.
Pour lire l’article en intégralité, rendez-vous sur le site de Challenges.
