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Quelle vision de l’échec au Québec ?

Carole Fortuna, animatrice du club rebond Bretagne, a invité Sophie Chainel le 6 juillet 2022.

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Sophie travaille depuis plus de 5 ans au Québec. Diplômée de l’ENSCL, elle a travaillé d’abord en tant qu’ingénieur sur le traitement des eaux usées et les stations d’épuration. Elle part au Canada en 2016 pour travailler sur un gros projet de plusieurs millions de dollars lancé par Suez ; mais sa vraie ambition est de devenir directrice générale. Objectif qu’elle atteint quelques années plus tard chez PRODEVAL, à 32 ans.

Mais à la suite d’une succession de décès autour d’elle, elle décide de changer et de réécrire ses projets. Elle rebondit dans l’accompagnement des transitions de carrière, activité qu’elle exerce au Canada car elle trouve qu’elle peut davantage y exprimer ses multiples facettes.

Une question de vocabulaire

Pour Sophie, le mot « échec » est utilisé en France pour donner une connotation pessimiste. Au Québec, il fait partie du langage positif. De même, les Québécois ne parlent pas de « problèmes », ils parlent de « défis » et de « challenges ». Et en effet, l’action se trouve dans le moment présent et le futur, pas dans le passé.

D’autre part, au Québec, on voit les choses sous un angle d’obligation et non d’interdiction. Sophie illustre son propos avec les panneaux de signalisation utilisés de part et d’autre de l’Atlantique. Pourtant, le panneau à double obligation de direction existe en France mais on ne l’utilise pas.

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Troisième illustration : quand en France des élèves préparent des exposés à l’école, ils sont axés sur ce qui s’est passé ; au Québec, les élèves ne font pas d’exposé, ils partagent des projets en y intégrant une vision de ce qui pourrait arriver. Parfois même, ils doivent trouver des financements – l’argent étant vu comme un moyen et un outil. Cela explique pourquoi les Québécois parlent naturellement de projets et se positionnent en tant qu’acteurs plutôt qu’en tant que narrateurs ou journalistes.

Sophie explique enfin que le mot « échec » est utilisé quand il n’y a plus d’issue que la décision d’abandonner est prise. L’échec révèle un état d’esprit qui fige. Pour autant, il est toujours possible de le transcender ; dans ce cas, l’échec devient apprentissage et donne des clés pour réussir un nouveau projet. La réussite, c’est avant tout d’être capable de rebondir à partir de ce que l’on apprend de ses échecs. Si, en plus, ces apprentissages sont associés à ses valeurs personnelles, alors on détient entre les mains tout ce qu’il faut pour transformer son rebond en succès.

Le non droit d’échouer dans le monde du travail : un état d’esprit très français

Sophie estime qu’en France, on ne lui permettait pas vraiment d’échouer, ni même de réussir. Un état d’esprit qu’elle a emporté avec elle au Québec : à ses débuts là-bas, elle a cherché à régulièrement apporter des preuves de sa légitimité dans son poste de DG sans s’autoriser à échouer ou faillir dans sa fonction.

Or, au Québec, on vous confie un poste parce que l’on estime que vous en êtes capable. On ne vous demande donc pas de faire vos preuves. Ce que l’on attend de vous, c’est de tout faire pour réussir les projets dont vous avez la responsabilité, et pour cela, de savoir faire travailler les équipes ensemble.

Cela va de pair avec l’idée très défendue que quelqu’un qui prend des risques est quelqu’un qui peut aussi bien réussir qu’échouer. L’important reste d’oser et de tout mettre en œuvre, certains québécois estimant que ce n’est pas encore assez par rapport au Canada anglophone.

3 dimensions fondamentales pour rebondir : la compétence, l’état d’esprit et l’attitude

Pour pouvoir dépasser une situation d’échec, il faut comprendre l’étape à laquelle on est par rapport à ce qui était demandé. Sophie distingue 4 étapes dans la prise de compétence :

  • 1/ au moment du lancement d’un nouveau projet : on est inconsciemment incompétent et on fonce
  • 2/ quand on découvre qu’on ne sait pas faire ce qui est demandé : on devient consciemment incompétent
  • 3/ pour y arriver, on s’entoure et on se forme : on devient compétent consciemment
  • 4/ ça devient facile : on est compétent inconsciemment et on a la capacité de réussir son projet

Il est important de savoir à quel stade on est pour identifier ce sur quoi on doit agir pour corriger le tir et avancer

Ensuite, l’état d’esprit dans lequel on est change tout. Certaines situations nous figent et nous frustrent. Il faut que survienne un événement particulier pour ouvrir une porte ; alors on va changer d’état d’esprit et à nouveau avancer

Enfin, l’attitude est un élément déterminant. Incarner l’attitude idoine permet d’atteindre l’objectif que l’on vise. En tant que DG, la culture française du management d’entreprise de Sophie a joué contre elle. Son attitude n’était pas celle d’une DG car elle cherchait à nouveau justifier sa fonction. Pour changer d’attitude, elle s’est fait coacher. Petit à petit, elle a arrêté de s’excuser auprès de ses équipes et est devenue celle qui propose des solutions et donc qui agit ce que l’on attend d’une DG.

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